So What une exploration mélodique des harmonies modales et de l'improvisation libre
“So What”, emblématique morceau du groupe légendaire de jazz Miles Davis, est une exploration fascinante des harmonies modales et de l’improvisation libre qui a révolutionné le genre dans les années 1950. Il s’agit d’une composition simple, presque austère, construite autour de deux accords seulement - ré mineur et la majeur - mais c’est cette simplicité qui ouvre la voie à des improvisations virtuoses et à une exploration profonde du son.
La genèse de “So What” est intimement liée à l’album Kind of Blue, considéré comme un chef-d’œuvre du jazz modal. Enregistré en 1959, cet album marque un tournant majeur dans la carrière de Miles Davis. Lassé des structures harmoniques complexes et des changements de tempo fréquents du bebop traditionnel, Davis explore de nouvelles avenues musicales inspirées par le travail de compositeurs contemporains comme Béla Bartók et Claude Debussy.
Le contexte musical : une révolution modal
Le jazz modal, à la différence du bebop, s’appuie sur des échelles musicales (des modes) plutôt que sur des progressions d’accords traditionnelles. Cette approche permet aux musiciens de développer des improvisations plus libres et exploratoires, en se concentrant sur l’ambiance générale créée par le mode plutôt que sur des changements harmoniques précis. “So What” illustre parfaitement cette approche.
La structure de la pièce : simplicité et profondeur
Section | Accords | Durée |
---|---|---|
Introduction | Ré mineur (2 mesures) | 4 secondes |
Thème principal | Ré mineur (4 mesures), La majeur (4 mesures) | 16 secondes |
Improvisations | Libre, alternant entre Ré mineur et La majeur | Variable |
La structure de “So What” est remarquablement simple : deux accords, répétés à l’infini. Cette simplicité apparente crée un espace immense pour l’improvisation. Les musiciens, libres de toutes contraintes harmoniques classiques, peuvent explorer une multitude de mélodies, de rythmes et de textures sonores.
L’impact du morceau: un héritage durable
“So What” a marqué un tournant dans l’histoire du jazz. La popularité du morceau, qui a atteint le sommet des charts en 1959, a contribué à démocratiser le jazz modal et à inspirer une génération de musiciens. L’utilisation d’une structure simple basée sur deux accords seulement a ouvert la voie à une nouvelle approche de l’improvisation, laissant plus de liberté aux musiciens pour exprimer leur créativité.
“So What”, bien que minimaliste dans sa structure, est un morceau riche en nuances et en profondeur émotionnelle.
L’interprétation des musiciens du groupe de Davis - John Coltrane au saxophone ténor, Cannonball Adderley à l’alto, Bill Evans au piano, Paul Chambers à la basse et Jimmy Cobb à la batterie - est empreinte d’une grande maitrise technique et d’une sensibilité musicale remarquable. Leurs solos sont des voyages fascinants dans le domaine de l’improvisation, explorant les limites du langage jazzistique.
Le morceau a également contribué à populariser le concept de “modal jazz” auprès du grand public, ouvrant la voie à de nombreux autres musiciens qui ont exploré cette approche musicale innovante.
Aujourd’hui, “So What” reste un incontournable du répertoire du jazz et une pièce incontournable pour tout amateur de musique.
En écoutant ce morceau emblématique, on comprend pourquoi il a eu un impact si profond sur le monde du jazz : sa simplicité apparente cache une profondeur émotionnelle inégalée et une liberté d’expression qui continue d’inspirer les musiciens de toutes générations.